Petite réflexion autour de l'élection Présidentielle de 2017
Une nuance que je n’ai pas perçue dans les
programmes des candidats (mais je peux me tromper) …
Je ne pense pas qu’il faille systématiquement (doctement) opposer :
Copyright - Philippe GAUTIER (2017).
Je ne pense pas qu’il faille systématiquement (doctement) opposer :
·
le schéma usuel de l’économie capitaliste de masse ; schéma basé
sur une offre pléthorique (la plus formatée possible), qui stimule
la demande (la plus standardisée possible) via une démarche
‘top-down’ (verticale, et de haut en bas) avec toutes les dérives marketing possibles
et imaginables, et les comportements d’achat les plus ‘panurgiques’ qui soient…
Bref, la doxa des élites économiques actuelles ;
· … avec celui d’une économie plus collaborative (à
l’image de celle qui prévalait avant la mécanisation et le développement de l’automatisme,
dont l’informatique et Internet ne sont que le paroxysme). Cette
économie plus ‘contextuelle’, qui opère de façon plus horizontale, et qui
repose sur le principe selon lequel la ‘demande y pilote l’offre’ qui peut
s’adapter jusqu’à faire du ‘sur-mesure’.
La différence tient juste dans un problème
d’échelle ; un peu comme la différence qui existe, en physique, entre les
théories (ou modèles) qui soutiennent nos schémas de pensée actuels dans
l’infiniment grand (relativité restreinte et générale), et l’infiniment petit
(physique quantique).
À la base de toute micro-relation économique, il y
a effectivement un ‘besoin’ individuel. Ce ‘besoin’ crée une demande s’il ne
peut être auto-satisfait. L’acteur économique qui le ressent va ensuite
s’attacher à identifier une ou plusieurs offres susceptibles de satisfaire ce besoin,
puis de s’organiser avec elle(s) pour qu’elle(s) y réponde(nt). Mais ce n’est
plus aussi évident à une échelle macro-économique.
Cependant, c’est parce que ce modèle initial,
évident (appelons-le « 1 »), a été occulté dans les principales approches marketing,
et parce qu’on applique systématiquement le modèle ‘offre-stimule-demande’
(appelons-le « 2 »), que nous nous prenons les pieds dans le tapis quand nous
parlons d’économie collaborative. Dit autrement, ce n’est pas parce que le
modèle « 2 » marche à une grande échelle, que son utilisation, via des outils
numériques (si puissants soient-ils), va permettre de le faire fonctionner à
l’échelle du modèle « 1 ». L’erreur des créateurs de plateformes collaboratives
centralisées (et des analystes qui célèbrent quotidiennement ce modèle) a été
de croire que la puissance de l’outil informatique permettait une adaptation
essentiellement contre-nature...
Pour autant, à une grande échelle, et, ce, tant que
l’automatisation ne permettra pas une vraie production ad-hoc (sur-mesure et à
la demande), le modèle « 2 » fonctionnera encore bien pour la plupart des
besoins et ne sera pas près de disparaître (les FabLabs ne sont encore que des
expériences ponctuelles, même s’ils illustrent une tendance de fond).
Aujourd’hui, relancer l’économie en misant
essentiellement sur le schéma « 1 » est une bonne idée car c’est LA tendance… …
Cependant, le faire sans prendre un minimum de précautions en amont, est très
risqué (voir les erreurs commises en France, de 1981 à 1983).
En effet, il manque aujourd’hui les éléments qui
aideront les acteurs économiques individuels à s’engager dans cette voie, de
façon vertueuse pour la collectivité. En l’absence de ces éléments, ce n’est
pas tant l’économie locale qui bénéficiera d’une telle relance, mais les pays
manufacturiers qui font office « d’usines du monde » ; ou les
pseudo-plateformes collaboratives qui, pour beaucoup, défiscalisent leurs
bénéfices.
Ces plateformes dites ‘collaboratives’ ne sont pas
non plus, structurellement, les bonnes solutions ; car elles amplifient le
modèle « 2 » (étudié dans un autre billet). Leur 'business model' consiste
souvent à faire produire par les autres, et faire payer les consommateurs,
souvent par le biais d’une taxe sur les transactions effectuées, leur autorité
(ou caution) de tiers de confiance. Pour y parvenir, elles doivent se retrouver
rapidement en situation monopolistique sur leur marché (acquisition
d’utilisateurs : producteurs et consommateurs), pour mieux le verrouiller à
leur seul profit, et asseoir cette autorité. Elles le font en centralisant, sur
des plateformes digitales accessibles via Internet, une offre verticalisée et
pléthorique, afin de satisfaire le mieux possible une demande difficile à
anticiper. Sur ces plateformes, l’offre de masse (la plus formatée possible) y
stimule la demande (la plus standardisée possible) via une démarche ‘top-down’
(verticale, et de haut en bas). Ce qu’on appelle l’Ubérisation reproduit
ainsi - en plus efficace (digital) - le schéma habituel de l’économie de consommation
de masse, dans laquelle le marketing est le nerf de la guerre commerciale… il
n’y a en effet aucune différence intrinsèque entre la compagnie de taxis G7 et
la société UBER.
À l’échelle des prosumers (ou prosommateurs / consommacteurs),
ces plateformes n’ont cependant rien de 'collaboratif', comme elles voudraient
nous le faire croire. Notamment parce que leur offre reste standardisée. Au
contraire, collaborer entre acteurs individuels (Any-to-Any) est une activité
hautement contextuelle, qui se pratique essentiellement de pair à pair (non
centralisée), souvent sans autorité tierce. Un échange ‘collaboratif’ opère
donc souvent sur la base d’une confiance préétablie entre deux acteurs, de
façon horizontale (ou latérale) … parfois ‘bottom-up’ (co-organisation ad-hoc,
verticale, construite de bas en haut). Il repose sur le principe initialement à
la base de tout échange : la demande y pilote l’offre qui s’adapte et fait du
‘sur-mesure’.
Ce qu’il faut plutôt, ce sont des outils, ou
artefacts, qui permettent aux acteurs individuels de démultiplier leurs
capacités individuelles en matière d’intermédiation et d’échange… dans des
schémas locaux, contextuels et pairs-à-pairs… ce, afin de favoriser la création
de valeur localement. Il en existe, par exemple : https://youtu.be/_LcxYGn8Q2E.
Copyright - Philippe GAUTIER (2017).
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