Internet des Objets, vers un nouveau monde 3.0


Interview de Philippe Gautier*, co-auteur du livre « Internet des objets - Internet mais en mieux » (blog www.i-o-t.org), le 5/06/2013.

Propos recueillis par Thérèse Bouveret.
Place Publique :
Qu’appelle-t-on internet des objets ?
Philippe Gautier :
C’est un concept fourre-tout vers lequel convergent des technologies déjà répandues pour certaines d’entre elles. Un premier écosystème est formé par les acteurs de l’auto-ID (identification automatique des objets) et du M2M (machine-to-machine), qui viennent du secteur industriel (code à barres, RFID, terminaux mobiles, solutions de géolocalisation, capteurs…) et sont déjà historiquement positionnés sur la notion d’évènements relatifs aux objets dans les processus logistiques, manufacturiers, etc. Un second comprend des acteurs spécialisés dans les environnements ubiquitaires grand-public et les objets communicants. Ils inventent de nouveaux objets ou rajoutent des dispositifs électroniques sur des objets de la vie courante afin de collecter et produire des données (réalité augmentée) : par exemple, la fourchette d’ HapiLabs dispose d’un accéléromètre et vibre quand on mange trop vite. Ce sont généralement les fidèles du CES (Consumer Electronic Show) de Las Vegas, le salon de l’électronique grand public. Ces objets produisent des données à exploiter et qui, aujourd’hui, finissent généralement dans les réseaux sociaux (twitter, facebook, etc.). Une troisième famille comprend les acteurs qui viennent du monde de l’Internet ou de l’informatique et proposent des plates-formes collaboratives parce qu’ils pressentent ce besoin de traitement de données, lesquelles seront publiées, routées, agglomérées, qualifiées, etc. Ces acteurs sont aussi souvent positionnés dans l’open ou big data, le web sémantique, les architectures web ouvertes, l’event streaming data processing (gestion temps réel de l’information évènementielle produite le long de la chaîne de fabrication ou d’approvisionnement). Mais tous ces écosystèmes se heurtent à une question complexe : celle du traitement des données produites, en contexte, en temps réel, et au plus près des évènements intervenus sur les objets. Quelle intelligence informatique va permettre ce traitement ? Faut-il permettre aux objets de se comporter intelligiblement dans le contexte des processus où ils sont embarqués ou, à minima, collaborer utilement avec les humains concernés ?

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