Relativiser la notion d'instant présent dans toutes les disciplines traitant du "temps réel" (physique, ingénierie informatique, etc.)
Les lacunes
actuelles de la "théorie quantique" mènent certains scientifiques à
poser le problème de l'observateur comme composante intrinsèque de
l'expérience. Certains travaux autour du label "théorie de
l'information" (aussi équivoque que celui de "théorie
quantique") soulignent également ce rôle de l'observateur. Une approche
transdisciplinaire permettrait peut-être de progresser ?...
La notion "d'instant présent"
est une vue de l'esprit, elle n'a aucune réalité objective ni même
réellement expérimentale, ce que démontrent depuis plus d'un siècle les
expériences en physique
quantique.
La théorie
relativiste, quant à elle, ne donne pas de signification précise et
formelle aux notions de passé, présent et futur, car elle
s'attache plus à décrire l'écoulement
du temps dans l'espace
géométrique, les lois y étant considérées comme étant les mêmes en tous
points et tous temps.
La notion
"d'instant présent" est en fait une photo instantanée d'une situation
ou d'un processus, prise et interprétée après coup par un observateur -
nécessairement considéré comme externe à la situation ou au processus - au
moment de l'observation. Cette photo n'est donc interprétée que dans le futur
de l'évènement observé sur la photo en fonction d'un passé antérieur à cette
interprétation.
Elle n'a, en outre,
de sens que dans le contexte - unique - de compréhension de l'observateur :
son interprétation ou analyse de ce qu'il observe, selon ses propres schémas mentaux ou modèles du moment (qui pourront évoluer par la suite) ; sa capacité à percevoir les changements d'état du processus observé (ses cinq sens mais aussi ses instruments de mesure) ; ce qu'il a intégré du passé de ce processus ; et ce qu'il se représente de son futur. Il existe ainsi autant de photos, donc de "présents", que d'observateurs et, en l'absence d'observateur, présent, passé ou futur n'ont aucun sens, ils n'existent donc pas (pas plus que le temps ni une quelconque réalité objective) !
son interprétation ou analyse de ce qu'il observe, selon ses propres schémas mentaux ou modèles du moment (qui pourront évoluer par la suite) ; sa capacité à percevoir les changements d'état du processus observé (ses cinq sens mais aussi ses instruments de mesure) ; ce qu'il a intégré du passé de ce processus ; et ce qu'il se représente de son futur. Il existe ainsi autant de photos, donc de "présents", que d'observateurs et, en l'absence d'observateur, présent, passé ou futur n'ont aucun sens, ils n'existent donc pas (pas plus que le temps ni une quelconque réalité objective) !
L'Analyse Décisionnelle des Systèmes
complexes, B-ADSc, qui pourrait également s'appeler "Approche
Informationnelle des Systèmes" (la théorie de
l'Information prenant de plus en plus de place dans les théories attachées aux
sciences physiques), peut prendre en compte de façon explicite ce
rôle de l'observateur (qu'on
appelle "PILOTE" dans cette méthode), et le lien qui
existe entre lui et le modèle
du processus qu'il observe ou dont il a la charge. Elle
permet en effet de formaliser, mathématiquement, les liens qui existent entre
l'observateur et le modèle
du système observé (un
modèle est nécessairement réducteur), lorsque le modèle du système observé est
étendu au pilote (observateur), c'est-à-dire dans un
contexte d'analyse plus large et nécessairement extérieur à
ce pilote (SYSTÈME ÉTENDU = PILOTE + MODÈLE du SYSTÈME
OBSERVE).
Mais dans ce cas,
un nouveau pilote (ou
observateur), situé à un niveau d'abstraction plus large, doit
intervenir pour donner sens à ce système étendu... s'il existe !
Le seul
pilote (ou
observateur) d'un processus ne peut donc, à son niveau
d'abstraction, formaliser de façon explicite et mathématique sa propre relation
avec le modèle
du système qu'il observe, faisant lui-même partie d'un
système (et
d'un modèle de ce système) plus vaste l'englobant, lui, ainsi
que le sous-système qu'il observe.
Dans un registre
similaire, le mathématicien Kurt Gödel a brillamment démontré cette
idée dans ses Théorèmes d'incomplétude.
© Philippe GAUTIER,
2013
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